Tabac, alcool, Cannabis: quelles répercussions sur la fertilité du couple ?
La fertilité est la capacité à concevoir un enfant, l’âge, l’obésité, le stress sont des facteurs qui peuvent diminuer la fertilité mais d’autres habitudes peuvent être tout aussi délétères. C’est le cas du tabac, de l’alcool et des drogues.
Comment le tabac va-t-il faire baisser la fertilité masculine ?
C’est bien connu, le tabac est néfaste pour la santé en général et si on regarde au niveau de la fertilité masculine, le tabac serait responsable (1) :
- d’une baisse de la qualité du sperme : diminution du nombre de spermatozoïdes, de leur mobilité et augmentation du nombre de spermatozoïdes anormaux (tératospermie). Une étude a montré que :
- 75 % des non-fumeurs avaient une mobilité normale contre seulement 18% des hommes fumant depuis plus de cinq ans,
- aucun des non-fumeurs n’avait une numération anormale versus 40% chez les fumeurs.
- des anomalies des chromosomes et de l’ADN des spermatozoïdes survenant lors de la division des cellules
- des troubles de l’érection
La bonne nouvelle, c’est que tous ces effets sont réversibles dans les 3 mois suivant l’arrêt du tabac. 3 mois car, c’est le temps qu’il faut pour renouveler la production des spermatozoïdes.
Comment le tabac va-t-il faire baisser la fertilité féminine ?
Le tabac va agir sur la fertilité féminine(2) au niveau de :
- la production des hormones : il augmente le taux de testostérone et diminue les taux d’oestrogène et progestérone ce qui est nocif pour la croissance et la maturation des follicules
- la diminution de la réserve ovarienne,
- l‘augmentation du risque de grossesse extra-utérine
- l’’implantation de l’embryon
- de risque de fausse couche accrue
Pour résumer, le tabac va être néfaste à toutes les étapes de la reproduction.
De plus, pour les personnes qui suivent un protocole d’assistance médicale à la procréation, la consommation de tabac engendre une moins bonne réponse à la stimulation ovarienne, une baisse du taux de fécondation et d’implantation et une augmentation des fausses couches(3).
Concernant la cigarette électronique(4), il n’existe actuellement que des études sur les animaux (il n’y a pas encore d’étude sur des hommes et des femmes), mais ces dernières montrent un impact négatif de ce type de cigarette sur la fertilité…
Comment l’alcool va-t-il faire baisser la fertilité ?
C’est bien connu, il ne faut pas consommer d’alcool pendant la grossesse car cela peut être néfaste pour le fœtus mais ce qu’on sait moins c’est que la consommation d’alcool peut nuire à la fertilité. Bien que ce soit difficile d’estimer les quantités néfastes, car cela va dépendre de l’alcool consommé, des études ont montré que la consommation d’alcool pouvait réduire la fécondabilité et la réserve ovarienne chez la femme.
Chez l’homme, l’alcool va agir sur le sperme et cela à partir de 5 verres par semaine selon une étude danoise en réduisant la quantité et la qualité des spermatozoïdes(5) , en cas de consommation de plus de 3-4 verres par jour, un impact sur la spermatogenèse a été observé(6).
Et l’alcool (au-dessus de 3 verres par semaine) est encore plus néfaste pour les personnes en protocole d’assistance médicale à la procréation. Les études ont montré que l’alcool pouvait affecter la quantité d’ovocytes collectés ainsi que les naissances vivantes chez la femme. Chez l’homme, la consommation d’alcool avant le recueil du sperme a été associée à une diminution des chances d’avoir une naissance vivante(7).
Comment le cannabis va-t-il faire baisser la fertilité ?
La consommation de cannabis entraîne une diminution du nombre de spermatozoïdes, une altération de leur aspect, de leur mobilité et donc une diminution de la capacité à féconder.
Le cannabis ayant un délai d’élimination plus lent que le tabac, les effets délétères sont encore plus importants car plus durables.
la fertilité est quelque chose de très fragile et mis bout à bout, toutes ces habitudes peuvent agir négativement. Il reste des sujets de taille reconnus comme étant fortement délétère pour la fertilité du couple. Ce sont les perturbateurs endocriniens mais aussi, le téléphone, l’alimentation, le stress… Toutes les infos dans notre journal.
- https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1286011521000916
- Maris E, Huberlant S, Torre A. Tabac et fertilité. Obstétrique 2016;39(4):1-5. Elsevier Masson SAS
- https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29375149/
- https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2468718923000557
- https://bmjopen.bmj.com/content/4/9/e005462.full
- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5504800/
- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5504800/